Les Probabilités De Tirage Après Le Flop

• LES PROBABILITÉS DE TIRAGE APRÈS LE FLOP
Heureusement, tous les coups ne se jouent pas au tapis avant le Flop, loin s’en faut! Dans la grande majorité des cas, il faut négocier le Flop, le tum et la river. Or, il arrive quelquefois que vous trouviez le Flop alléchant sans toute fois avoir trouvé la moindre paire! C’est le cas quand vous avez deux cartes assorties en main et que le Flop affiche deux cartes de votre couleur, ou quand vous avez deux cartes qui complètent éventuellement une suite par les deux bouts (par exemple, vous avez 6-8 en main et le Flop est 5-7-V). On dit alors que vous êtes « en tirage ». Dans ces cas-là, il faut savoir de combien de car tes vous disposez pour compléter avec succès votre tirage. Ces cartes, appelées des « outs », sont toutes les cartes qui améliorent votre main de départ et/ou complètent votre tirage. Dans le cas de notre tirage à la couleur par exemple, vous avez au total 9 outs (treize cartes de votre couleur, auxquelles il faut sous traire les deux que vous avez en main et les deux du Flop). Dans le cas du tirage à la quinte, vous disposez au total de 8 outs : quatre 4 et quatre 9 vous donnent en effet la suite 4-5-6-7-8 ou 5-6-7-8-9.

Une fois le flop dévoilé, la première étape, décisive, sera de chiffrer le nom bre d’ outs dont vous disposez pour améliorer votre main. Cette démarche doit devenir un réflexe qui vous aidera à mieux situer votre jeu.
La seconde étape consistera à évaluer votre probabilité de « toucher» l’un de ces ours (au tum ou à la river), et donc de compléter votre tirage avec succès, alors qu’il reste encore deux cartes à venir. Il existe pour cela une formule générique, simple et efficace, qui, même si elle n’est qu’approximative, donne une estimation fidèle de vos chances de gain, exprimées en pourcentage. De plus, le calcul est rapide, ce qui peut se révéler très précieux dans le feu de l’action ! Cette formule est couramment appelée « formule des outs ». Il suffit de multiplier votre nombre d’ours par trois, puis d’ajouter au résultat obtenu le nombre d’ours auquel on a préalablement soustrait le chiffre 8.

La formule des outs
Plus simplement, la formule donne ceci:
(nombre d’ours x 3) + 8 = la probabilité de toucher un our (en pourcentage). Dans notre exemple, nous avions neuf outs pour tirer notre couleur ; nos chances de finir à la couleur sont donc: (9 x 3) + 8 = 27 + 8 = 35 %.
Le tableau ci-dessous résume clairement le nombre d’ours que vous avez dans les situations les plus courantes du Hold’ em, ainsi que la probabilité d’en tirer un après le flop, c’est-à-dire au turn OU à la river, quand il reste encore deux cartes à venir. Nous vous conseillons de retenir ces pourcentages …

Au flop,                Vous espérez     Nombre d’outs     Probabilité de
vous avez             améliorer en                               toucher un out
Une paire              brelan               2                       8,5 %
Deux paires           full                   4                       16,5 %
Un tirage               quinte               4                      16,5 %
quinte ventral                     
Un tirage               quinte               8                      31,5 %
quinte bilatéral                     
Quatre cartes         couleur              9                      35 %
assorties                     
Un tirage quinte     quinte ou couleur  15                  54,1 %
bilatéral + un tirage                 
couleur                     

 
Examinons maintenant le cas où le turn a été retourné et qu’il ne reste plus qu’une carte à veniJ; la river.

Au turn,                 Vous espérez     Nombre d’outs     Probabilité de
vous avez              améliorer en                               toucher un out
Une paire               brelan                2                      4,3 %
Deux paires            full                    4                      8,7 %
Un tirage                quinte                4                      8,7 %
quinte ventral             
Un tirage                quinte                8                      17,4 %
quinte bilatéral             
Quatre cartes assorties couleur          9                      19,6 %
Un tirage quinte     quinte ou couleur  15                   32,6 %
bilatéral
+ un tirage couleur
 

On peut retenir que, pour passer du turn à la river, les chances de compléter un tirage sont très approximativement divisées par deux par rapport au cas où on passe du fiop à la river.

Aïe, Bad Beat!

Il arrive bien que les probabilités soient largement en votre faveur, vous perdiez tout de même le coup. On parle alors de bad beat, littéralement, de "mauvais coup". Et si certains sont dans la limite du supportable, d’autres peuvent rendre carrément chèvre! Imaginons par exemple que vous ayez une paire de Six en main et votre adversaire une paire de Cinq. Vous êtes favori à 82 %. Mais les cartes sont facétieuses, et vous trouvez tous les deux votre brelan au flop : V-5-6. Magnifique! Vous êtes à présent assuré de gagner le coup à plus de 9S % ! C’est presque le scénario rêvé, car votre adversaire, qui ne se doute pas de votre jeu, ne peut se sortir de ce coup avec son jeu, lui aussi énorme, et va probablement vous livrer tous ses jetons. Oui, mais voilà, si le turn est un anodin Huit, la river est un … Cinq! Le dernier du paquet, la seule et unique carte qui puisse faire gagner votre adversaire en lui donnant un carré … Terrible bad beat, et énorme coup au moral (et accessoirement au portefeuille). Et même si la tentation est grande, il ne faut jamais se focaliser sur un bad beat et se lamenter sur cette effroyable malchance qui s’acharne décidément sur vous et sur personne d’autre. Ce genre de revers fait partie intégrante du jeu, et sans ces innombrables coups du sort, le poker ne serait pas ce qu’il est: ingrat, stressant, parfois injuste mais toujours unique et passionnant. Le bon réflexe à avoir dans ce genre de situation est d’abord de se remettre en question, de se demander si on a employé la bonne stratégie, si le bad beat n’aurait pas pu être évité avec un autre schéma de jeu, si on n’avait pas donné de carte gratuite dans l’espoir d’attraper son adversaire ou encore grâce à une relance plus substantielle, etc. Il faut d’abord rester lucide, analytique, éviter de tomber dans la paranoïa, et surtout prendre patience. Car le bad beat n’est que l’arbre qui cache la forêt, la manifestation la plus visible de la chance. Or, quoi qu’il arrive, celle-ci est équitablement partagée à terme. Au final, seules les capacités intrinsèques de chacun feront la différence.

Et pour se rassurer et se consoler, il ne sera pas vain de souligner ici un paradoxe inhérent au bad beat: si vous êtes plus souvent la victime que l’auteur de bad beats, c’est sans doute parce que vous jouez mieux que la plupart de vos adversaires! En effet, c’est tout simplement parce que votre main est plus souvent favorite que celle de vos adversaires en situation de mises importantes ou de ail in préflop. Cela traduit le fait que vous sélectionnez bien vos mains de départ et que vous avez une bonne lecture des jeux adverses, un atout qui jouera inévitablement en votre faveur sur le long terme. Inversement, si vous "donnez" plus de bad beats que vous n’en "recevez", vous pouvez alors raisonnablement vous interroger sur vos talents de joueur de poker!

Poker – Tout est relatif

Au Texas Hold’em, aucune main de départ n’est forcément gagnante. Ni forcément perdante! Tout comme aucune règle, aucun savoir ne sont absolument rigides. Ainsi, même s’il est essentiel de le connaître, le classement ci-dessus n’a rien de dogmatique. Votre style de jeu dépendra de nombreux autres facteurs que la simple force des mains préflop. En définitive, la qualité principale d’un joueur de poker est sa flexibilité et sa capacité d’adaptation. S’adapter, voilà la clé du succès au poker!

• Tout d’abord, s’adapter au mode de jeu pratiqué. Tournoi ou cash-game ? Il va sans dire que certaines mains parfaitement jouables en cash-game ne le sont absolument plus en tournoi, où le gaspillage des jetons est à proscrire. Mieux, on peut même jeter les meilleures mains selon le moment du tournoi, par exemple si une place in the moneyest en jeu. Ainsi, le champion du monde Tom McEvoy avoue avoir déjà jeté une paire d’As en tournoi pour s’assurer une place en table finale!

• Autre critère déterminant: la position. Même si nous en disons davantage plus loin, nous pouvons d’ores et déjà vous dire que c’est en fonction de votre position à la table que vous pourrez choisir d’être agressif ou, au contraire, de simplement suivre avec prudence. Certaines mains, tout juste bonnes à jeter en premier de parole, peuvent être relancées en fin de parole si personne avant vous n’a manifesté de velléité offensive.

• Ensuite, la profondeur de tapis: mieux vaut bluffer un joueur qui a trois fois moins de jetons que vous qu’un adversaire qui en a cinq fois plus! De même, vous choisirez entre le mode cigale et le mode fourmi en fonction de la hauteur de votre tapis et de celui de vos adversaires.

• Enfin, le nombre de joueurs engagés dans le coup: si votre paire de Dames est largement favorite en tête à tête face à tout autre jeu que AA ou RR, elle perd de sa force si vous n’avez pas su écarter un maximum de joueurs du coup. De même, la valeur des mains préflop est totalement conditionnée par le nombre de joueurs à la table. Si vous êtes dans une table pleine, A-S est une main tout à fait médiocre; elle prend un peu plus de valeur si vous êtes en mode short-handed (six joueurs au maximum à la table), et elle devient une main forte, voire très forte, en tête à tête.

Le Poker – Une science pas comme les autres – 2

De la 17e à la 24e meilleure main
• 8-8 – C’est une paire moyenne, qu’il faut bien entendu jouer, mais prudence si vous êtes parmi les premiers de parole, donc dans une position exposée à tous types de relance.
• Q-I0 assortis – C’est une jolie main de tirage, qui tire sa seule force du fait que les deux cartes soient assorties.
• A-9 assortis – Si l’on excepte les paires, il s’agit là de la première main de notre classement à ne pas offrir de possibilités de suite. Cette main reste relativement forte grâce à l’As et au fait que les deux cartes soient de la même couleur.
• AV dépareillés – Cette main tire sa force de l’As, qui peut s’appuyer sur un kicker très honnête. Pas de possibilités de couleur (du moins à deux cartes), mais A-V offre néanmoins un tirage à la suite si le flop est très favorable.
• V-10 assortis – Même si elle n’est classée que vingt et unième, cette main est statistiquement la meilleure main de tirage: elle offre de très nombreuses possibilités de suite (7-8-9-10-V ; 8-9-10-V-D ; 9-10-V-D-R et enfin la grande suite 10-V-D-R-A), auxquelles s’ajoure une possibilité de tirage à la couleur, voire de quinte flush royale! Seule la hauteur moyenne de cette main explique son classement.
• RD dépareillés – Constituée de deux fortes figures, qui plus est connectées, cette main paraît plus forte qu’elle ne l’est en réalité. Même s’il s’agit d’une main parfaitement jouable, il convient de rester prudent, attentif aux positions et bien sûr au flop.
• A-8 assortis – Comme pour A-9, l’As et la possibilité de couleur donnent toute sa force à cette main; une force qu’il faut relativiser en raison d’un kicker très moyen.
• A-10 dépareillés – C’est la dernière main de la première moitié de ce classement. Il y a une seule possibilité de suite, mais la plus haute, et un As supporté par un kicker tout juste honnête.

Ces mains valent évidemment le coup que l’on suive pour voir le fiop, mais gare aux grosses relances. Ici, votre position sera déterminante: en début ou en milieu de parole, il sera plus avisé de suivre,. en fin de parole, il est possible de relancer si personne ne l’a fait. Attention toutefois aux petits malins qui n’attendaient que cela pour vous piéger et effectuer une surrelance difficile à assumer!

Nous attaquons à présent le deuxième grand groupe des cinquante meilleures mains. Si vous êtes à une table où les joueurs jouent un poker très sérieux, « serré» comme on dit, il sera alors sans doute plus avisé de ne pas jouer ces mains, ou alors uniquement si vous êtes dernier de parole. Mais avez-vous vraiment envie de jouer à une table aussi serrée, et, surtout, en avez-vous le niveau?

De la 25e à la 30e meilleure main
•     K-9 assortis
•    A-7 assortis
•    RV dépareillés
•    A-5 assortis
•    D-9 assortis
•    9-10 assortis

Si l’on peut tout de même caller avec ces mains, même dans des positions exposées, il est plus sage néanmoins de se contenter de ne les jouer que dans des positions intermédiaires.

De la 31e à la 35e meilleure main
•    7-7
•    V-9 assortis
•    A-6 assortis
•    DV dépareillés
•    A-4 assortis

Même topo que pour le groupe de mains précédent, un zeste de prudence en plus.

De la 36e à la 40e meilleure main
•    R-10 dépareillés
•    D-10 dépareillés
•    A-3 assortis
•    R-8 assortis
•     V-10 dépareillés

Des mains qu’il est sage de jeter en premier de parole (juste après les blindes). Il sera en effèt plus avisé de jouer l’une de ces mains si vous êtes en milieu ou en Jin de parole, et qu’il n’y a pas eu de surenchère avant votre tour de parole.

De la 41e à la 50e meilleure main
•    A-2 assortis
•    D-8 assortis
•    6-6
•    5-5
•    4-4
•    V-9 dépareillés
•    10-9 dépareillés
•    3-3
•    9-8 assortis
•    2-2
Avec ces mains, n’engagez vos jetons que dans des circonstances bien précises: une position très peu exposée, pas de relance … Par exemple, si vous êtes de petite blinde et qu’il ne vous reste quâ caller à hauteur de la grosse blinde.

 
Vous savez à présent quelles mains sont plus ou moins jouables; surtout, vous savez que toutes les autres sont bonnes à jeter! C’est déjà partir avec un net avantage sur les éternels débutants que vous ne manquerez pas de croiser aux tables où vous jouerez. Et si vous perdez néanmoins quelques coups uniquement imputables aux mauvais génies du jeu, dites-vous bien que le poker est un jeu qui s’inscrit dans la durée: sur le long terme, le choix judicieux de vos mains et la technique viennent toujours à bout de quelques éclats de chance ou de malchance, qui, par définition, ne sont qu’épisodiques.